vendredi 1 avril 2011

Adagio au Théâtre de l’Odéon

Ce soir, nous étions au Théâtre de l’Odéon. La nouvelle pièce d’Olivier Py qu’il a écrit, en partie avec des textes, des dialogues et des déclarations de l'ancien Président de la République, en partie  avec un texte de lui est une merveille !

Olivier Py a situé Mitterrand et sa méditation sur la mort dans un grand escalier qui occupe tout le plateau, avec dans le fond une immense bibliothèque qui glisse pour laisser apparaître  un bois avec quelques arbres où se déroulent  certaines scènes. Tout les personnages politiques de l'époque, plus ou moins proches du Président, est là  entre autres: son éminence grise  Anne Lauvergeon, souvent présente sur scène, Robert Badinter, Jack Lang, Bernard Kouchner, Michel Charasse, Pierre Bérégovoy, Jacques Séguéla, Pierre Bergé, François de Grossouvre, Danièle Mitterrand, etc… mais aussi Gorbatchev, Helmut Kohl, etc…. sans oublier son médecin personnel le docteur Gubler.
C’est un voyage de mai 1981à sa mort. François Mitterrand a été enfin élu à la Présidence de la République; il apprend quelques mois après son élection qu'il est atteint d'un cancer de la prostate qui a aussi atteint les os. Ce qui n'empêchera pas les grandes victoires: abolition de la peine de mort, semaine de 39 heures, cinquième semaine  de congés  annuels. Il avoue qu'il a la hantise de la fin de Georges Pompidou que les huissiers de l'Elysée  avaient dû soutenir pour aller jusqu'à son dernier conseil des ministres. Et, en même temps, François Mitterrand , malgré les voiles noirs qui planent sur son second septennat, refuse de quitter le pouvoir comme il  refuse aussi les dernières années de sa vie qu'on lui vole sa mort avec l'aide de la morphine .

En mai 88, il est réélu mais le second mandat, malgré l'inauguration de la Pyramide du Louvre, qui sonne comme un curieux présage de sa fin proche, puisqu'il passa ses presque derniers jours en Egypte- et malgré la ratification du traité de Maastricht, est terni par trop de mauvaises nouvelles: affaire Urba qui éclabousse ses proches, prêt de Patrice Pelat à Pierre Bérégovoy qui, incapable de faire face, se serait suicidé dans des circonstances curieuses, victoire de l'opposition avec l'arrivée de Baladur, puis l'année suivante, suicide encore  pour le moins troublant de François de Grosouvre, proche du Président dans son bureau de l'Elysée, débuts des massacres au  Rwanda: tous ces événements ont affecté François Mitterrand, déjà très malade, sans qu'il envisage un instant de démissionner.
Avec beaucoup de finesse Olivier Py, nous invite aux dernières années du vieil homme obsédé, dit-il,  non par l'acte même de mourir mais par sa disparition. Olivier Py a éludé le versant familial- et il a eu raison-  de la vie compliquée de François Mitterrand qui avait formellement interdit que l'on parle de sa fille Mazarine Pingeot, ce qui était en réalité un secret de Polichinelle dans  Paris. Danièle Mitterrand ne fait qu'à la fin une brève apparition.
Le spectacle entier repose surtout sur le personnage de François Mitterrand incarné par  Philippe Girard, absolument étonnant de vérité et de vraie sensibilité. Sans copier l'ancien Président bien que il en ait la voix, les inflexions et son fameux débit avec ses bouts de phrases qui souvent restaient en l'air.

Avec les pauses musicales ( Phil Glass, Bach, Ligeti, Barber, entre autres..) du  très bon Quatuor à cordes Léonis, ces deux heures vingt coulent très vite.

La longue ovation du public à la fin du spectacle était tout à fait justifiée.

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