vendredi 16 mai 2008

Bienvenue chez l'Oncle Sam

Aussitôt arrivés, nous sommes dans l’aéroport. Ici, pas le droit de photographier ou de filmer. Les formalités douanières sont très encadrées. Chacun son tour et un par un. Il faut connaître l’anglais pour répondre au douanier qui ne fait aucun effort pour articuler et se rendre compréhensible. Le petit frenchie que je suis a bien du mal à comprendre ce qu’il me demande. Son air patibulaire (mais presque) ne donne pas envie de lui faire répéter. Deux coups de tampon sur le passeport. Nous sommes acceptés pour 90 jours sur le sol américain.
Alain m’expliquera ensuite que les deux questions étaient : « Quelle est la raison de votre visite aux USA? » et « Combien de temps comptez vous rester? ».
Nous pouvons passer ensuite au contrôle des bagages.
Nos valises subissent le test des rayons X dans une machine énorme. Pas manqué, notre valise est repérée comme douteuse. Pourtant, les douanières ne paraissaient pas super attentives à l’écran de contrôle sous leurs yeux.
Le fameux boudin dans le sac nous a trahi. Elles demandent de quoi il s’agit. La réponse que c’est du canard ne les satisfait pas vraiment. « Cuit ou cru ? » demandent-elles.
Un instant de réflexion et Alain répond « cuit ». Ouf, nous obtenons notre sésame pour continuer notre chemin. Il faut savoir que tous les produits frais sont interdits à l'entrée aux USA. Comme les fruits, les légumes, la charcuterie, le fromage, ou les pâtisseries, notre roulé au foie gras a bien failli finir son voyage au fond d'une poubelle (ou dans l'estomac des douanières…)!
Nous choisissons de prendre un supershuttle (www.supershuttle.com) pour nous rendre à Manhattan et rejoindre l’appartement de notre ami. Ce sont des minibus de couleur bleue ou noire qui peuvent contenir une dizaine de personne. Le voyage coute 21 $ pour la première personne et 12 $ par personne supplémentaire ce qui est plutôt avantageux par rapport au taxi habituel. Le supershuttle vous dépose au pied de chez vous, ce qui est très appréciable (surtout lorsque vous avez des grosses valises).
Nous faisons connaissance avec les routes américaines et la conduite dans NYC. Beaucoup d’embouteillages et la voie opposée à la notre complètement saturée. Il doit y avoir un accident.
Nous empruntons le Lincoln Tunnel. Il relie le New Jersey à Manhattan via la traversée souterraine de l'Hudson River. Emprunté par 120 000 véhicules par jour, c’est le tunnel routier le plus fréquenté du monde.
Le plus grand, le plus gros, le plus haut, le plus long… Nous sommes bien aux Etats-Unis et nous n’en avons pas fini avec ces superlatifs.
Le minibus nous dépose au pied de l’immeuble de Vinh dans St John Street. Nous sommes saisis par la chaleur qu’il fait. Une sensation de chaud qui s’abat sur nous certainement due à la climatisation du bus mais aussi du fait que les immeubles cachent le soleil et empêchent le soleil de pénétrer dans la rue.
Vinh a laissé les clés de son appartement au « doorman ». C’est comme cela que l’on appelle les employés qui gardent les entrées des résidences à NYC. Tous les immeubles possèdent ce super concierge qui vous ouvre la porte quand vous entrez ou sortez, consigne le nom des visiteurs qui vous rends visite, rejette les importuns ou les colporteurs et garde, en votre absence, votre courriers ou vos colis. C’est lui aussi qui réceptionne les chemises qui reviennent du pressing. Une bonne idée de métier à mettre en place en France pour lutter contre le chômage, sécuriser les résidences et faciliter la vie de tous les jours des gens pressés.
L’appartement de Vinh est au 7ème étage. Au rez-de-chaussée, on trouve une salle de sport, et au dernier étage, une petite terrasse. A chaque étage, un local sert de vide ordure (tri des déchets obligatoire) ainsi qu’une laverie. Il suffit d’acheter des jetons au doorman pour utiliser l’une des deux machines à laver ou le séchoir « grande capacité ». Très pratique.
Bien que fatigués par le voyage et le décalage horaire, nous sommes tiraillés entre l’envie de nous reposer mais aussi de partir déjà à la découverte de la ville.
Nous décidons finalement de découvrir le quartier. Sans beaucoup de forces, nous nous laissons porter par la rue en pente descendante et nous arrivons au Pier17. Situé au bout de South Street Seaport, c'est une zone commerciale et touristique très prisée des New Yorkais comme des touristes. On vient ici flâner, chiner, déjeuner ou dîner ou simplement boire un verre avec des amis. Quelques pas et nous découvrons le Brooklyn bridge.
Gigantesque, il n’est même pas possible de le prendre en photo en entier…
Nous flânons un peu dans le centre commercial : une ancienne halle où devaient y être entreposés ce qui était débarqué par les bateaux accostant sur les quais. Les commerces nous paraissent vendre très peu cher. C’est de toute façon l’impression que nous garderons en entrant dans les magasins tout au long de notre séjour.
Nous redescendons ensuite vers Manhattan et nous arrivons, à l’autre bout de St John street à Ground 0, là où le mardi 11 septembre 2001, les tours jumelles du World Trade Center ont été percutées par deux avions détournés par des pirates d’Al Qaida.
C’est l’image qu’il nous reste de cet événement. On oublie qu’en fait c’est quatre avions de ligne qui ont été détournés, qu’un avion s’est jeté sur le Pentagone, siège du département de la Défense des États-Unis, à Washington et que le quatrième s'est écrasé en rase campagne à Shanksville, en Pennsylvanie.
Les deux tours se sont effondrées deux heures après l’impact entrainant également le Marriott World Trade Center dans leur chute et dans l’après-midi, la tour 7 du WTC.
Manhattan a été vidée de ses habitants qui se sont réfugiés, à pied, sur Brooklyn et Jersey City, tous les transports ayant été interdits pour faciliter les opérations de secours et par prévention que d’autres attentats ne surviennent.
Les attentats ont été vécus presque en temps réel par des centaines de millions de téléspectateurs à travers le monde puisque les images de l'avion heurtant la deuxième tour du World Trade Center ont été diffusées en direct, ainsi que l'effondrement complet des trois tours. Le choc psychologique a été considérable au plan international et nous nous souvenons tous de ce que nous faisions ce jour là.
Nous avions hâte de nous rendre ici.
La vue de l’endroit est rendue difficile par les barricades qui enferment les travaux. En faisant le tour du chantier, d’une passerelle, on finit enfin par avoir une idée de l’espace. En fait, un immense trou béant résultat des 1,8 million de tonnes de débris et gravats qui ont été enlevées du site du World Trade Center.
Finalement, Alain est impressionné par la dimension réduite que représentaient les tours à la surface du sol. Le rectangle ne mesure même pas la surface du Stade de France. Pour ma part, je ne suis pas impressionné par l’endroit et c’est peut-être pour les mêmes raisons. Je suis surpris par l’absence d’émotion sur ce site alors que devant la télévision j’étais atterré. Aujourd’hui, l’endroit me parait tout petit. Les palissades et l’interdiction de les longer, de s’arrêter pour regarder à travers les trous donnent le sentiment que l’Amérique ne veut pas trop qu’on s’y attarde. Essaye t’elle de cacher, le temps des travaux, cette plaie béante comme une blessure honteuse ?
Pourtant, la nouvelle construction, la Freedom Tower, pour laquelle un concours architectural a été ouvert pour un mémorial, un lieu de vie et d'activités est aujourd’hui au point mort. Si une nouvelle Tour 7 du World Trade Center a était inaugurée en 2006, malgré le vacarme des grues et des pelleteuses, pas un seul des ambitieux projets de reconstruction n'a émergé à quatre ans de la date officielle de finalisation du site.
Concrètement, seulement vingt-quatre tonnes d'acier récupéré sur le site ont été utilisées pour la construction du USS New York (LPD-21), un navire de guerre rebaptisé ainsi en la mémoire des victimes. Les gravats ont permis également de créer Battery park, endroit que nous visiterons plus tard lors de notre séjour.
Ce soir là, nous aurons beau tourner, nous ne trouverons pas ce que nous avions vu à la télévision : la croix réalisée avec les poutrelles des tours, les messages ou les photos d’anonymes et des parents des victimes accrochés sur des grilles.
Au détour d’une rue, nous découvrons une plaque commémorative saluant l’action des pompiers du , premiers arrivés sur les lieux et dont la caserne était la plus proche.
C’est l’heure finalement de rentrer à l’appartement. Nous passons par la supérette au coin de la rue. Immense, elle est ouverte 24 heures sur 24. Les allées sont étroites, les rayons regorgent de produits. Le stand traiteur laisse à penser que les américains ne cuisinent pas à domicile. Viandes et poissons cuisinés, pates, salades en tout genre sans compter les spécialités étrangères, nous avons l’embarras du choix.
Alain déniche un Camembert « made in France by Président » et bien nommé « Paris » !
Un dernier tour. Nous découvrons le rayon des céréales qui fait bien 10 mètres de long.
Nous achetons de quoi manger rapidement ce soir (lasagne aux épinards pour Chris, cordon bleu et pommes de terre pour Alain, Salades de fruits frais en dessert pour les deux) nous allons nous reposer.
Vinh arrivera quelques minutes plus tard. Nous sommes devant la télévision. Le temps de lui donner nos « cadeaux », nous discutons un peu et nous nous écroulons de fatigue.

Aucun commentaire: