vendredi 7 novembre 2008

Le Campanile et la Basilique...

Nous sommes réveillés à 7 heures 30.

Le petit déjeuner qui est servi à l’hôtel est très correct : jus de pamplemousse, d’orange et d’ananas, fromage, charcuterie, yaourt, viennoiseries, salade de fruits, plusieurs sortes de pains et de céréales… Alain trouve que c’est plutôt simple. Si on tient compte du rapport qualité-prix, c’est tout à fait acceptable.

Sitôt finis de déjeuner, nous prenons le bus pour être le plus vite possible et avant l’arrivée des hordes de touristes sur la Place Saint Marc. Il faut être prudent : chaque année, 14 millions de touristes «passent » par la piazza...

Notre premier objectif est le Campanile. Nous décidons de monter en haut du Clocher. Alain va vaincre sa peur du vide et son vertige.

Construit d’abord comme tour de défense et tour de guet de la première forteresse des doges, au 10e siècle, il a été reconstruit et surélevé à plusieurs reprises. Garni d’une chappe de cuivre, il servait même de phare, visible à plus de quarante kilomètres.
Par adjonction de la pièce la plus haute, au 16e siècle il est devenu clocher, et abrita cinq cloches qui sonnaient le début du travail, l’heure de midi, la convocation des sénateurs et l’annonce des exécutions.

Il s’est écroulé plusieurs fois, en 1388, 1489, et 1511, frappé par la foudre ou ébranlé par une secousse sismique.

En 1902, il s’écroule une fois de plus sur ses bases, verticalement, sans causer de dégâts, ni à l’église, ni au palais des doges et sans faire de victime humaine. La chute étant prévisible, les abords avaient été dégagés. Seul, le chat du concierge y a perdu la vie.

L’archange Gabriel, placé au sommet, qui servait de girouette, est resté entier dans sa chute. On dit que le campanile « s’est écroulé en gentilhomme ».

La décision de le reconstruire en parfaite réplique est prise aussitôt, avec l’impérative nécessité de réutiliser autant que possible les éléments d’origine. Cela demanda dix ans. Il est terminé en 1912. Il mesure alors 98,50 mètres.

En 1962, le campanile a été équipé d’un ascenseur. Ouf, c’est un soulagement pour nous qui allons monter.

Nous nous enthousiasmons devant ce panorama de Venise baignant dans son bleu lagunaire.

En descendant nous nous dirigeons vers la Tour de l’Horloge.

La construction de cette tour date de 1496. L'horloge indique l'heure, les phases de la Lune, la position du soleil et des signes du zodiaque, et les saisons. Elle était utile aux navigateurs pour prévoir les moments favorables de la navigation. Au-dessus du lion ailé de Saint Marc, des automates sonnent les heures.

La place est remplie de pigeons. A notre étonnement, ils ne sont absolument pas craintifs. Mieux, c’est très facile de les faire monter sur nos bras ou nos épaules : quelques miettes dans les mains et l’affaire est réglée. Beaucoup de touristes se font prendre en photos avec. L’un appelle l’autre et c’est bientôt des dizaines de volatiles qui nous entourent.

Visite de la cathédrale Saint Marc. On entre sans difficultés. Pas de file d’attentes. Les touristes ne sont pas encore là ?

Le saint patron de Venise était Saint Théodore. Le saint grec témoignait de l'influence byzantine sur Venise. Quand en 828, le corps de Saint Marc fut ramené d'Alexandrie par 2 marchands vénitiens, il devint le Saint patron de la ville. On lui construisit une petite chapelle, dans le Palais des Doges, qui n'était à l'époque qu'un château fort.

En 832, on termina, non loin du palais des Doges, une petite église mausolée, incendiée en 976. Reconstruite en 978, elle sera de nouveau abattue.

En 1063, on construisit un sanctuaire inspiré de la Basilique des Saints Apotres et de la Basilique de Sainte Sophie à Constantinople. Edifice en croix grecque, elle est assez trapue, possède déjà des coupoles basses et sa façade est de briques rouges. La Basilique fut consacrée en 1094.

Peu à peu, la façade de l'austère basilique se pare de revêtements de marbre et de portiques profonds, soutenus d'une double rangée de colonnettes. La brique disparait sous le marbre. Le grand portail est orné de bas-relief représentant les métiers et les signes du zodiaque.

Flèches, bas-reliefs, arcs, chapiteaux, du 11e au 15e siècle, elle intègre différents styles, assimilant les arts de l'Orient et ceux de l'Occident.

Elle les assimile tellement qu'une partie des ornements provient directement d'Orient, comme le groupe des Tétrarques en porphyre rouge syro-égyptien, ou les célèbres chevaux de Saint Marc. Nous y reviendrons.

Outre les coupoles, ce sont surtout les magnifiques mosaïques sur fond d'or, couvrant entièrement les parois de la Basilique, qui rattachent cette basilique chrétienne, à l'art oriental.

A l'intérieur, ces mosaïques constituent une véritable Bible illustrée, servant à l'édification des croyants.

A l'origine, ces figures sont toutes de type oriental, en aplat, sans mouvement, elles apparaissent souvent rigides, sans mise en scène. Elles ont été exécutées par des artisans orientaux ou vénitiens, mais toujours dans un style oriental caractéristique des icônes.

La mosaïque introduit plus tard des notions nouvelles, comme le relief et la perspective. Les mosaïques de la basilique San Marco sont ainsi une véritable école d'art, depuis les premiers aplats byzantins jusqu'à des mises en scène en perspective.

Mais le trésor des trésors de la Basilique San Marco, c'est le Pala d'oro.
L'un des plus beaux chefs d'oeuvres d'orfèvrerie qui soit permis d'admirer. Ce rétable d'or date du 14e siècle: 3000 pierres précieuses et 80 émaux sont enchassés, à la gloire des fêtes chrétiennes (registre supérieur), tandis que le Christ apparait au centre, entouré de 4 prophètes et dominant l'impératrice Irène, le Doge Ordelaffo Falier et la Vierge. Sur les côtés, ont pris place les apôtres et autres prophètes.

Nous sortons. Une file de plusieurs dizaines de mètres de long s’est formée durant notre visite. Les touristes sont arrivés et ils sont … asiatiques !

Au sortir de, nous regardons les chevaux qui semblent garder la place du haut de la terrasse de San Marco. L'origine des chevaux est incertaine. Œuvre grecque, œuvre romaine du 4e ou 3e siècle av. J.-C. ? Datent-ils de l'époque de Constantin, 3e siècle ap. J.-C. ?

Non, ils seraient plutôt un butin de guerre, ramené d'un hippodrome de Constantinople, en 1204, par le doge Dandolo, lors de la 4e croisade.
Ils devinrent le symbole d'une Venise libre et triomphante.
Napoléon, envahisseur de l'Italie, céda Venise à l'Autriche, en 1797. Il en emporta, entre autres, le quadrige dans son butin de guerre. Il eut l'idée de faire installer ces chevaux sur l'Arc-du-Caroussel, à Paris !
Inutile de préciser que cet envahisseur qui dépouilla Venise est particulièrement haï des vénitiens. En 1805, Venise rejoignit le royaume d'Italie.
Venise récupèrera son quadrige en 1815, mais la ville ne se dépara plus de sa haine envers Napoléon.

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